Nicolas Hulot ne manque pas de culot !

21 décembre 2006

hulot Difficile d’échapper à la nouvelle groupie des politiques (Nicolas Sarkozy vient de signer son pacte écologique, à quand Marie-Ségolène Royal ?). Nicolas Hulot est en passe, selon les médias, d’être un intervenant de choix dans la campagne présidentielle. Chevalier impertinent du PAF, redresseur de politiciens égarés, voici l’homme qui sauvera l’Homme ! Et quel homme…
Sponsorisé par EDF depuis plus de 15 ans, ainsi que par les Autoroutes du Sud de la France, Bouygues Telecom, Valorplast, Apple, Décathlon, Énergie Système, ETT, Eurotherm, Giordano Industries, Grohe, E. Leclerc, Knauf, Lafarge, Saint-Gobain Isover, Siplast Icopal, Tetra Pak France, UGAP, Weber et Broutin, Yprema, etc., des entreprises bien connues pour leur engagement en faveur de l’écologie… celle-ci construit des autoroutes, celle-là transforme du pétrole en plastique jetable, une autre génère des déchets nucléaires, et une dernière bétonne la nature. Sans compter celle qui vend à Coca-Cola du « temps de cerveau disponible ».
Le télé-écolo justifie ses soutiens pour le moins surprenant, par le fait qu’il souhaite “changer les choses de l’intérieur”. Pour un peu on croirait presque que Nicolas le gentil naïf croit à la compatibilité de la logique de profit et de celle du partage des ressources ! Heureusement son compère E. Leclerc est là pour nous éclairer : « c’est vrai, le développement durable est un concept à la mode. Tant dans le monde des entreprises que dans tout débat de société. Et alors ? De tout temps, les marchands ont su récupérer les bons slogans ». Quand le developpement durable devient une mode pour consommateurs naïfs…

La coqueluche écolo est également “présentateur” de la marque Ushuaïa qui vend des cosmétiques (en partenariat avec l’Oréal), des bâtons d’encens (retirés de la vente fin 2004 après que le magazine Que choisir a révélé qu’ils présentaient un risque cancérigène), un Peugeot Partner, véhicule tout-terrain 2 roues motrices, etc. Il est de ceux qui ont introduit le concept de charité bourgeoise, sous couvert d’une « caution éthique » permettant de légitimer l’ensemble du système.
Producteur, animateur, présentateur chez TF1, il met en place quatre émissions annuelles,pour lesquelles il touche la modique somme de 30.000 euros mensuels. Ces émissions sont rapidement devenues le fer de lance de produits dérivés (lunettes Atol , gels douches Ushuaia, pulls Rhonetex, etc), une soixantaine en tout qui rapportent, selon Tf1 quelques 100 millions d’euros annuels (chiffre d’affaire).
Bien-sûr gagner de l’argent n’est pas en soi un problème, encore faut-il être capable de se dégager des contraintes imposées par ses partenaires, quitte à en gagner moins, au nom de la cause que l’on est censé défendre.
Mais Nicolas Hulot, via sa fondation Nicolas Hulot pour la nature (FNH), n’apporte aucune critique à l’encontre de ses généreux donateurs, il se garde bien d’entrer sur le dangereux sentier des poser des questions dérangeantes à poser aux multinationales… il offre seulement une sorte d’éducation à l’environnement : couper l’eau quand on se savonne, se rendre chez E. Leclerc pour se procurer son Défi pour la terre, penser à acheter un flacon de shampoing (en plastique) pour avoir des cheveux qui sentent la vanille des îles… Joli programme.
Nicolas Hulot veut, de son propre aveu, faire « prendre conscience et faire prendre conscience qu’il faut donner du sens au progrès, que le progrès est synonyme de générosité et de solidarité ». Et il l’applique : la campagne de promotion de sa fondation est offerte par l’agence de pub CLM BBDO et affichée gratuitement par Decaux.
Nicolas Culot a également beaucoup d’amis. L’autre Nicolas et Marie-Ségolène en seraient presque jaloux s’ils ne comptaient déjà dans leurs rangs le futur évadé fiscal Johnny et la cible du percepteur Doc Gynéco pour l’un, et Jamel Debbouze (sans commentaire) pour l’autre.
Henri Proglio (membre du groupe d’armement Thalès), l’alter chanteur Pascal Obispo propriétaire d’un 4*4 Hummer (parmi les plus polluants), Mathieu Kassovitz (qui fait preuve, dans son blog, d’un grand esprit d’analyse), un autre évadé fiscal : Florent Pagny, amateur de puissantes berlines, et un écrivain humaniste : Yves Paccalet, auteur de L’humanité disparaîtra, Bon débarras !
Les soutiens de personnalités politiques (Corinne Lepage), issues du show business (la liste est longue), ou puissants donateurs d’entreprises privées (voir plus haut) permettent à Nicolas Hulot de se dorer de image d’un homme sans peur et sans reproche, animé d’un réel désir de changement, ayant moult propositions ambitieuses à proposer.
Ses propositions tiennent en 10 objectifs. On ne peut lui reprocher d’être concis tant les longs discours sur l’écologie et autres protocoles de Kyoto n’ont jamais apporté la moindre solution concrète. On admettra cependant que proposer une conciliation entre la production agricole et le respect de l’environnement est un peu léger… De même qu’évoquer des « produits certifiés », de « démocratie participative » et d ‘« éducation à l’environnement ». Car de propositions concrètes, monsieur Hulot, n’a pas. Ou alors il les cache bien !
En ce sens monsieur Hulot, qui s’en est jusque là défendu, peut être un parfait petit politique. Des mots, des mots, des mots…
L’écologie reste une fois de plus cantonnée dans sa dimension morale et personnelle, hors de la sphère d’action politique. Attendre des autres qu’ils suivent son exemple, et quel exemple…!, voilà ce que propose celui qui déclare avoir un jeu à jouer dans l’échiquier de la présidentielle. Attendre des fumeurs qu’ils respectent les non-fumeurs, attendre des femmes qu’elles ne boivent ni ne fument quand elles attendent un enfant, attendre du capitalisme qu’il se soucie de la préservation de l’environnement , on sait ce que ça donne.
Merci Nicolas, pour la leçon !