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Ni Droite, Ni Gauche, Français...
17 janvier 2007

Jusqu’au sacrifice médiatique total

Chronique hebdomadaire de Philippe Randa, écrivain (www.philipperanda.com) et éditeur (www.dualpha.com)

À moins de cent jours du premier tour de l’élection présidentielle, le spectacle qu’offre la politique française est affligeant, c’est le moins qu’on puisse dire.

Depuis l’automne dernier, les médias se sont focalisés sur Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, les proclamant candidats avant même leur désignation par leur propre camp… et n’accordant de-ci, de là, qu’une attention condescendante aux autres prétendants de la campagne, considérés comme de simples boute-en-trains.

Ne pouvant complètement ignorer Jean-Marie Le Pen – 20 avril 2002 oblige ! –on lui concède, plus qu’à l’accoutumée, quelques secondes d’images et flashes de commentaires… Il s’agite, oui, mais n’a pas encore les sacro-saintes 500 signatures exigées, enfin, dit-il : « P’t’être ben qu’oui, p’t’être ben qu’non », en baîlle-t-on dans les rédactions.

Philippe de Villiers non plus n’est pas certain d’avoir ses signatures, mais il n’est pas certain non plus d’avoir davantage d’électeurs. Dieu ! que le sort d’un Vicomte est triste au fond de la Vendée !

François Bayrou a eu l’idée de s’en prendre à l’impartialité des télévisions. Enfin, surtout à celle de TF1 ; ça lui a valu quelques secondes d’attention… de la part de France 2, évidemment ! Ce matin, un sondage le place en troisième position, loin derrière les deux ténors médiatiques et juste devant Jean-Marie Le Pen. Vrai ou faux, tout le monde s’en fout, c’est tout son drame.

Et les autres ? Dominique Voynet, candidate « accouchée » dans la souffrance par césarienne, après des mois et des mois d’un travail difficile, plus que vraiment souhaitée par ses camarades verts, n’est évoquée qu’à l’ombre d’un Nicolas Hulot qui n’en finit pas de tergiverser : « J’y vas t’y, j’y vas t’y pas ! »… Il est, à en croire Le Nouvel Observateur, face à « un choix cornélien » et « ne rejette pas l’hypothèse de se présenter » : c’est rassurant de penser qu’on pourrait lui remettre le destin de notre Nation entre les mains.

La cause écologique, sensée interpeller tout à chacun, fait, semble-t-il, surtout un flop. Qui sait que le président du Mouvement pour une Écologie Indépendante, Antoine Waechter – sans doute le premier à avoir annoncé son entrée en lice pour la présidentielle de 2007 dès octobre 2005 ! – est dans la course ? Pas grand monde, il n’affole guère l’audimat. Antoine qui ?

À l’extrême gauche, faute d’union entre gens qui se détestent tous les uns les autres plus encore qu’ils haïssent notre société, personne ne veut bien évidemment laisser sa place. On aura donc Arlette Laguiller, Olivier Besancenot, Marie-Georges Buffet et, sans doute, comme à l’habitude, un olibrius dont personne n’aura jamais entendu parler la veille du scrutin et qu’on aura oublié le lendemain, voir le jour même. Combien des 0,47 % de ses électeurs se souviennent d’ailleurs de Daniel Gluckstein, du Parti des travailleurs, qui aura tout de même eu la place d’honneur en avril 2002 en réussissant l’exploit d’avoir trois fois moins de voix que Christine Boutin ?

En tout cas, un pour qui les carottes, fussent-elles bios, semblent cuites, c’est José Bové : « Au lendemain du sacre de Nicolas XII, empereur de l’UMP, Dieudonné a appelé “tous les gueux, tous les vilains du royaume” à signer la pétition en faveur d’une candidature de José Bové à l’Élysée. » Horreur et damnation, vade Retro Dieudonnas ! José parle aussitpôt d’une « manipulation politique ». Et puis, de toute façon, Bruno Gollnisch n’était pas d’accord. Le drame du moustachu altermondialiste est que beaucoup le soutiennent, mais que personne n’en veut vraiment …
En août dernier, les candidats étaient 38 à s’être déclarés prêt à aller jusqu’au sacrifice total pour le salut de la Patrie : de Pierre Larrouturou (promoteur de la semaine de quatre jours) à Yves-Marie Adeline (président de l’Alliance Royale) en passant par Roland Castro (fondateur du Mouvement de l’utopie concrète), Romdane Ferdjani (adjudant-chef à la retraite,), Robert Baud (réprésentant une majorité des minorités en souffrance morale et sociale), Alain Mourguy (président de l’union droite-gauche), Jean-Christophe Parisot (président du Collectif des démocrates handicapés), Lucien Sorreda (candidat pour que les revenus du bas tirent vers le haut), Yves Aubry (qui veut permettre aux Rmistes et aux pauvres de vivre décemment) jusqu’à Soheib Bencheikh (ancien grand mufti de Marseille), j’en passe et des plus folkloriques encore.

La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy « tiendront » le haut de l’affiche encore quatre-vingt dix et quelques jours… Les responsables de nos médias, à défaut de « faire » les présidents, s’y entendent néanmoins à les défaire avant terme ; Édouard Balladur et Lionel Jospin en savent quelque chose : ces gens-là adorent brûler un jour ce qu’ils ont adorés la veille, audimat oblige !

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